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Philosophie, économie, société, neurosciences, chemins intérieurs.

NOUS SOMMES LES HÉRITIERS DE KEYNES ! 19 février 2009

 

Trop tard ! Votre venue à la tête de l’État, Monsieur le Président, arrive en décalé par rapport à l’horaire ! C’est presque fini. Comme Saint Sébastien sous Dioclétien fut percé de flèches, le libéralisme sous l’égide même des néolibéraux et de leur ancien empereur de papier G.W Bush Jr, est percé de flèche non pour les même causes, traîtrise, mais plutôt pour excès de confiance, de cupidité et de cynisme !

Cependant, force est de constater que nous ne sommes pas très éloignés de la traîtrise, qui, dans le contexte actuel est alimentée par l’excès et l’emballement du système. La crise a permis de révéler au grand jour la cupidité et l’immoralité qui trottine comme une hyène ébouriffée derrière le vertueux modèle libéral.

Pour les lecteurs avertis de l’hagiographie de Saint Sébastien, on sait que les soldats romains chargés de le cribler de flèches, ne visèrent pas le cœur. Et Sébastien se remis de ses blessures, avant que Dioclétien pour cette seconde mise à mort, n’en termine une fois pour toute.

En sera-t-il de même pour le libéralisme ?

 

Alors que l’opinion publique dont on connaît le caractère capricieux, parfois la veulerie et l’empressement qu’elle met à cracher sur ses idoles d’hier, s’interroge enfin sur la moralité de cette doctrine, en France, le train des réformes à caractère libéral, court avec une suffisance et une détermination, qui laisse perplexe.

Alors que le libéralisme mondial et ses excès sont attaqués, je ne dirais pas de toute part, car ses nombreux chantres et icônes trompettent encore sur les remparts de la citadelle à la gloire de la doctrine, il résiste et colmate les brèches, continue à ajuster structurellement un peu partout dans le monde son modèle, aidé en cela par une nomenklatura internationale, fidèle et bien formée, citons pour exemple le Mont Pèlerin et sa garde néolibérale.

 

Le libéralisme triomphant du début de ce XXIe siècle, découvre enfin les méfaits dont il est intrinsèquement porteur.

Nicolas Sarkozy aurait dû être Président il y a 5 ans, à l’époque où personne n’était averti des dégâts que pouvaient causer le dogme. A la gloire de l'ultra-libéralisme et non du capitalisme triomphant dont on sait qu’il est avant tout un fait social avant d’être une doctrine, notre Président aurait pu faire passer le train des réformes avec moins de résistance et d’opposition. Aujourd’hui il en est tout autre. Le masque vertueux du néolibéralisme est tombé, montrant aux yeux de l’humanité ses travers et ses excès ! C’est la raison pour laquelle, il est grand temps de tuer la meute de hyènes qui a goûté au sang, pour excès de traîtrise et abus de confiance social.

 

Alors, héritiers de Keynes ? Oui ! Mais pourquoi ? Parce que la société française postérieure à la seconde guerre mondiale est le fruit d’une politique keynésienne volontaire et structurante. Cette politique volontariste et structurante n’est pas seulement économique. Elle porte en germe un souffle social fort, et induit mécaniquement une attention permanente sur des notions d’équité et de justice dans une société moderne. Mais le keynésianisme, c’est encore plus que cela. Il est également porteur d’une incontestable notion du rôle politique de l’État qui a, par le passé, porté durant trente ans le développement des économies occidentales et de la social-démocratie.

C’est la raison pour laquelle, vouloir démanteler, pas à pas, le système keynésien est non seulement criminel, mais totalement contre-productif. Actuellement les soubresauts économiques de la crise étalent enfin au grand jour les principes occultés qui veulent que l’idéologie néolibérale laissée à sa seule gouvernance produise des effets opposés aux principes keynésiens et au fonctionnement des démocraties sociales. (Cf économie de Pinochet au Chili et de Suarto en Indonésie). Pourtant, si le keynésianisme ne réfute pas l’idéologie libérale, il propose que le plus grand nombre profite de la richesse qu’elle permet de créer. Keynes est de nouveau d’actualité.

Alors quid des plans de relance ? Si ce keynésianisme retrouve une certaine jeunesse, nous devons pourtant le prendre avec prudence. L’hypothèse défendue ici, repose sur un constat historique. Le plan de relance keynésien des années trente prend en compte une relance par la consommation, mais dans un monde où le primo équipement est entièrement à réaliser et le principe économique est très majoritairement productiviste.

Or, les conditions économiques sont très différentes aujourd’hui. Les sociétés modernes sont très bien équipées et la prise de conscience des effets néfastes de l’hyperconsommation sur l’environnement commence à trouver un écho favorable.

Tous orientés vers la consommation ou l’incitation à l’investissement, ces plans n’apportent pas de solutions nouvelles à une situation nouvelle. Ils apportent des solutions anciennes à une situation nouvelle. Nous ne sommes plus à l’ère bienheureuse de la production de masse. Nous ne sommes plus, loin s’en faut, aux lancements prometteurs de la massification de la consommation placée sous la férule du marketing flamboyant, comme à l’époque du « new deal » ou à celui des trente glorieuses. Continuer à relancer la surconsommation de manière irrationnelle va à l’encontre d’une politique économique actuelle, moderne, qui tient compte des générations futures, qui se préoccupe de l’environnement, de la santé, de l’éducation, du partage et de l’équité en termes de richesses.

 

Retenons de Keynes, la leçon de l’intervention régulatrice de l’État, ainsi que la politique des aides publiques, celle des déficits publics, certes, et celle des grands travaux. Mais oublions cette fichue relance par la consommation qui ne veut pas s’appeler hyperconsommation et la stimulation de l’investissement privé sans contrepartie sociale (industrie, automobile, banque). Tout cela n’est qu’un cataplasme sur une jambe de bois ; le corps est malade et la planète n’est qu’un stock épuisable. Tout cela démontre l’irresponsabilité ou le cynisme des dirigeants et des économistes. Ceux qui continuent à croire en l’irréductible et éternelle croissance brisent le mythe prométhéen qui tient lieu de principe envers les générations futures et démontrent que la réflexion et la sagesse ne sont que les cadettes de leurs soucis.

 

N’est-il pas temps, Empereur(s) Dioclétien(s), de prononcer la seconde condamnation à mort ? Non celle du libéralisme historique aux idées émancipatrices, mais celle de l’ultra-libéralisme, cette ombre noire qui n’est pas régulé, qui s’approprie les richesses sans partage et ricane à propos de l’immoralité, de la cupidité et de l’avidité qui traîne dans son sillage.

Revenons donc aux fondamentaux des politiques régulatrices et de justice redistributive.

Finalement, nous ne sommes plus très loin des valeurs de la République. 

Restons les enfants de Keynes…et de la République !

 

 

  Patrick LOUART

                                                                                                                                             2009

 

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