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Philosophie, économie, société, neurosciences, chemins intérieurs.

LE CYBER-CITOYEN UNIVERSEL OU L'HOMO ORBI NOSTRUM

Nous avons eu l’homme de Néandertal, l’homme de Cro-Magnon, l’homme de Tautavel, l’homme de Dénisova, quatre hominidés qui portent le nom du lieu où ils ont été retrouvés. Aujourd’hui, l’homme de 2024 est un humain, ordinairement terrien, uniformément répandu, numériquement socialisé, vivant ou aspirant à vivre à la manière d’un occident qui a durablement et profondément marqué de son empreinte la planète Terre.

Ainsi, je propose de nommer l’homme contemporain, HOMO ORBI NOSTRUM. Il est un cyber citoyen universel impacté par le syndrome globalisé de l’uniformisation de la pensée numérique. Un digi-concept au-delà des ethnies, des cultures, des langues et des civilisations. Cet universalisme numérique répand sa tache sur le buvard du monde. Un héritage face auquel les philosophes hélio-centristes et des Lumières n’auraient sans doute pas manqués en leur temps de s’interroger.

L’indépendance d’esprit qui doit animer l’animal social que nous sommes, en tant que résultat des Lumières est tombée en décrépitude. L’esprit des Lumières est remplacé par la contre-culture de l’appauvrissement intellectuel global qui rend le cyber citoyen universel obèse du futile qui le nourrit.

Ainsi, le règne de la faiblesse intellectuelle s’est installé. Elle n’est même plus insidieuse et rampante, mais triomphante et puissante. Le mépris des élites, le mépris de l’intelligence, le simplisme des thèses est encensé par contraste avec l’analyse du complexe qui est perçu comme une manipulation programmée des peuples par leurs gouvernants. Comme si le complexe était devenu une pensée préparée par les élites dont elles seules détiendraient l’antidote, puisqu’elles seraient elles-mêmes les instigatrices du problème qu’elles auraient engendré.
La main maligne des communautés digitales de tous ordres, pandémise insidieusement le crétinisme inconscient et le prêt à penser, en faisant croire qu’une onction numérique dédouanée de tout contrôle, libère l’Homme moderne de l’esclavage des empires de l’économie privée comme de celui de la main glaciale des dictatures renaissantes.

Privé de cette substance collective qu’est la liberté de penser par soi-même, privé du non jugement et dépouillé de l’esprit critique qui émancipe le citoyen engraissé au journalisme rachitique des nouveaux maîtres de la diginformation, (utile ici de préciser que le journalisme que je nomme rachitique est celui des médias numériques non pluralistes, ceux dont les sources ne sont pas vérifiées, les médias d’opinion, ceux qui s’autoproclament libres et endossent la posture des éclaireurs de la conscience manipulée) le CCU est devenu l’humain passif et ordinairement heureux de sa propre régression sociale. Il devient le serviteur involontaire des barons du cyber espace. Ceux-là même qui font du méta monde en devenir, le propulseur universel qui courbe par injonction subliminale la pensée libre vers le niveau le plus faible qui soit : le point zéro.

Ce nouvel humain, l’Homo Orbi Nostrum aime récompenser son égo en nombre de likes, de followers et de commentaires virtuels ponctué de love, de "j’aime", de "cœurs", etc. Dans son Moi profond l’Homo Orbi Nostrum attiré par l’illusion des appartenances socio-numériques, produit lui-même son poison addictif issu du lit adultérin de l’ignorance confortable et de la bêtise assourdissante. Il génère ainsi sa propre auto-addiction. Nourri par l’univers digital qui l’alimente, le CCU pense sans discernement que ce qu’il pense est la Vérité ou pense dans son narcissisme inféodé à son égo, infléchir la pensée des autres à la sienne propre.

Ainsi, le nouveau tropisme inconscient de l’humanité se construit sur l’illusion du « Moi » dans l’expérience encore balbutiante de l’égocentrisme mondialement digitalisé.

                                                                                                                                                                                                                Patrick LOUART

                                                                                               PAU - Mars 2024

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